En date du 27 septembre 2021, la société Lafarge-Holcim a en effet déposé auprès de la Préfecture des Bouches du-Rhône un "porter à connaissance" par lequel elle a sollicité une prolongation de l’autorisation d’exploitation qui lui avait été délivrée le 15 février 2010. Celle-ci l'avait autorisée à extraire des granulats jusqu’en décembre 2021 puis à remettre le site en état au plus tard en décembre 2023.
Aujourd'hui, la Société Lafarge demande une prolongation de 2 ans et 4 mois soit jusqu’en avril 2026 (deux années supplémentaires pour l'extraction, suivies de deux années pour le réaménagement, auxquelles sont ajoutés 4 mois pour permettre la cessation de l’activité administrative).
Le Conseil Municipal du 29 novembre a émis un avis défavorable à la demande de la société Lafarge-Holcim de prolongation de l'autorisation et modification d’exploitation de la carrière.
Nous avons rencontré le responsable du site ainsi que Monsieur Thierry Marchand, directeur régional Sud-Est, avec lesquels nous nous sommes rendus sur site avant la réunion pour constater l’avancée de ces objectifs (extraction et remise en état) et les motivations de cette prolongation aux conséquences si importantes pour les riverains du quartier de la gare de Cassis.
Vous trouverez en pièces jointes le détail des éléments du comité de suivi,mais permettez moi de vous donner une synthèse qui vous éclairera sur les enjeux.
La carrière reçoit 400 000 t par an de produits inertes du BTP (essentiellement de la terre) pour remettre en état le site mais aussi pour partie pour une activité de recyclage (40 000 t environ qui repartent du site). En 2020, Covid oblige, seulement 229 000 t ont été réceptionnées. A noter que les procédés de contrôle des produits réceptionnés semblent être de qualité et respectés.
L’activité d’extraction s’est réduite au fil des années : 64 000 t en 2020 pour des ventes de 52 000 t. Il s’agit d’un minerai calcaire aux particularités exceptionnelles que l’on ne trouve qu’à Cassis et qui est donc très précieux pour Lafarge selon Monsieur.Marchand.
Le trafic généré par camions en 2020 (année exceptionnellement faible) est le suivant :
229 kt reçues,
52 kt vendues,
40 kt recyclées,
Soit 321 kt mobilisées ce qui représente 10 700 camions/an. (30 t par camion).
En année «pleine» ou normale, les volumes en jeu sont de 500 000 t maximum (comprenant tous les mouvements = réception +recyclage +ventes des produits d' extraction). Soit un trafic de 16 666 camions/an qui, lissé sur 240 jours ouvrés, représente entre 65 et 70 camions/jour pour la seule activité de Lafarge auquel s’ajoute le trafic engendré par la déchetterie et la zone artisanale.
Bien évidement ces chiffres sont à relativiser : les chantiers étant variables en nombre au cours de l’année, générant donc des pics de sur-fréquentation ou des périodes relativement plus calmes en saison estivale.
Le site en cours de démantèlement (la destruction et le recyclage du bâtiment de génie civil ont commencé) contient 300 kt de stock divers et un potentiel exploitable encore par extraction d’environ 150 kt (2 à 3 ans d’extraction) d’un minerai de qualité.
Les objectifs de remblaiement à la côte 140 fixés par le contrat initial sont d'ores et déjà inatteignables (ils nécessiteraient 4 millions de tonnes de remblais soit au rythme actuel : dix années supplémentaires d'activité).
Madame le Maire en choisissant de renoncer au tracé de désenclavement du quartier choisi par son prédécesseur malgré la zone artisanale programmée a sa part de responsabilité dans la création de cette nasse qu’est devenu le quartier de la gare.
Le Conseil Municipal, dans sa délibération n°83 du 29 novembre, n'a pu donner qu'un avis consultatif sur ce "porter à connaissance." Les services de la Préfecture gardent la main sur la décision et l’on peut déjà présager une issue positive à cette demande de prolongation selon Madame le Maire.
Ce dossier impactant pour la commune s’articule sur plusieurs niveaux :
la capacité de la société Lafarge à honorer ses engagements dans les délais,
la volonté de récupérer au plus tôt un site réaménagé correctement,
l’impérative nécessité de stopper au plus tôt.les nuisances et l’enclavement de la zone.
Monsieur Marchand nous a fait part des solutions possibles en fonction de l’issue de la demande de prolongation et des objectifs de Lafarge-Holcim pour Cassis. Il s’est montré ouvert au dialogue et à la concertation dans l’intérêt de son entreprise, de la commune et des riverains.
Madame Le Maire nous a fait savoir que, de son côté, elle avait sollicité un rendez-vous avec Monsieur le Préfet pour évoquer le sujet.
Informée de ce qui est techniquement réalisable suite à ces discussions avec l’entreprise et les responsables du site, votre association "Un Nouveau Cap pour Cassis" portera auprès de la Municipalité et de la Préfecture des propositions pour réduire le trafic et désenclaver le quartier tout en permettant le réaménagement du site au mieux des intérêts de la commune et des riverains.
Jean-François FAVIER
Président du Conseil d’Administration
En dépit de l'avis défavorable du Conseil municipal pris dans son unanimité, Monsieur le Préfet a répondu favorablement à la
demande de la société Lafarge et autorisé la prolongation de l'activité de la carrière jusqu'en avril 2026.
Nous estimons toutefois que cette décision préfectorale permettra le respect strict du cahier des charges initial et la restitution du site de façon optimale au terme de son exploitation.
Cependant, et faute d'avoir repris à son compte les projets de création d'une voie de contournement pour desservir le quartier, Madame le Maire imposera aux riverains deux années supplémentaires de nuisances.
L'extension envisagée de la zone d'activité du Brégadan devrait malheureusement accroitre l'engorgement du quartier.
Cassis le 10 septembre 2022